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Citation de la semaine 30

Photo du rédacteur: Grégoire TaconetGrégoire Taconet

Photo portrait de Cesare Pavese en noir et blanc

"La plus atroce offense que l'on puisse faire à un humain, c'est de nier qu'il souffre" Cesare Pavese


Je découvre cette citation dans le livre Le pouvoir de pardonner, de Lytta Basset, qui parle de façon exigeante de comment redonner leur pleine humanité aux bourreaux et aux victimes. Si je n'adhère pas au superlatif, le propos éclaire un point souvent aveugle et pourtant tellement important.


En effet, généralement, la violence implique son invisibilisation. Ce n'est pas pour rien que la travailleuse sociale Emma Rose Byham a intitulé son excellent livre sur les violences conjugales et intrafamiliales Was it even abuse? La victime de violence, souvent, dans le discours de l'agresseur·se quand ce n'est pas dans celui de la société, l'a mérité ou en tout cas n'a pas fait le nécessaire pour se protéger (est-ce que la victime de viol a suffisamment surveillé son verre ou a dit "non" assez distinctement? la victime de violences conjugales ne s'est-elle pas alarmée un peu tard?), n'a rien subi de si grave voire est trop sensible ("si on parle de harcèlement moral à chaque fois qu'un·e responsable est un peu passionné·e, on ne va pas s'en sortir"), ou alors certes a souffert mais les souffrances de la personne violente, est-ce qu'on y pense (une invisibilisation particulièrement insidieuse parce qu'elle porte le masque de la compassion)?


La reconnaissance est souvent un combat à part entière dans le parcours de guérison. C'est le cas dans les violences interindividuelles, comme dans les violences bien plus collectives : Primo Levi, dans Si c'est un homme, décrit deux rêves récurrents de désirs jamais satisfaits pour les détenus des camps de concentration, manger et... raconter.


Cet enjeu a aussi une dimension thérapeutique plus directe : se libérer d'un traumatisme, c'est intégrer pleinement les deux dimensions "c'est arrivé", et "ça m'est arrivé à moi". En effet, certaines violences sont si insoutenables que la souffrance ne peut être vécue pleinement, ce qui maintient les personnes concernées dans des symptômes éprouvants et rend ce passé constamment présent.


Libérer du traumatisme, c'est le travail du ou de la thérapeute. La reconnaissance collective, tout aussi importante, dépasse de loin le cadre du cabinet.

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Grégoire Taconet Psychopraticien ACP

 

Membre de la FF2P et de l'AFP-ACP

Directeur de mémoire pour ACP France

Cabinet Via Sana

21 avenue Jean Jaurès

69007 Lyon

gtacp@orange.fr

0768457176

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Crédit photos : Donatien Gnackli ZEBI

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