Citation de la semaine 52

"Le premier soin psychique est le soin du corps. Prendre soin de l'autre, c'est toucher son corps avec respect, prévisibilité, sans effraction, le contenir sans le contraindre ou le coincer, en lui permettant d'être actif par l'anticipation de ce qu'on va faire pour lui"

Régine Prat

Régine Prat est psychanalyste mais elle tire ici un magnifique trait, à mon sens, entre la théorie de l'attachement et l'Approche Centrée sur la Personne.

La théorie de l'attachement a permis de documenter à quel point, ce qui a des aspects contre-intuitifs, le sentiment de sécurité, l'habitude d'un environnement prévisible, favorisent l'autonomie et la tendance spontanée à explorer. L'autrice de Tact-Pulsion, le livre dont la citation est extraite, rappelle à quel point c'est un enjeu dans les premiers mois, et même les premiers jours, de la vie. Les soins les plus indispensables du quotidien peuvent être rendus plus ou moins angoissants, ou sécurisants, selon la façon dont ils sont faits. L'enjeu est évidemment corporel, mais il est aussi psychique, surtout dans l'état de vulnérabilité extrême qu'implique le (très!) jeune âge.

Et, si on enlève la dimension corporelle (en tout cas sous cette forme!), ces phrases décrivent de façon particulièrement juste l'accompagnement idéal en Approche Centrée sur la Personne, en resitue les dimensions importantes. Oui, l'enjeu, l'objectif, c'est l'autonomie, la capacité à sortir de sa zone de confort (l'ACP a parfois la réputation d'être une thérapie de Bisounours, pour autant je vous garantis que ça peut secouer!), mais le chemin c'est le respect du rythme ("sans effraction"), la garantie d'une grande sécurité (pas de jugement, pas d'injonctions qui n'ont pas de sens ici et maintenant), une confiance absolue (que généralement la personne accompagnée n'avait pas elle-même en arrivant!) dans la capacité à trouver la bonne porte de sortie du blocage qui a amené en thérapie.

C'est en ne forçant rien qu'on permet d'explorer, au bon moment, dans de bonnes conditions. Le respect, la prévisibilité, contenir sans contraindre ni coincer, c'est une magnifique description de l'attitude thérapeutique, celle qui est là pour permettre autant que possible de passer de la vulnérabilité à l'autodétermination.