Citation de la semaine 42
- Grégoire Taconet
- 23 avr.
- 2 min de lecture

"La nourriture, c'est l'arbre qui cache la forêt. A partir du moment où vous parlez à une anorexique de ce qu'elle a mangé, mange ou mangera, vous rajoutez une feuille à cet arbre. Pour la sauver : contournez l'arbre!! Allez faire un tour en forêt." Aurélie (dans la BD Cher corps coordonnée par Léa Bordier)
Quand les symptômes sont particulièrement alarmants, envahissants, peut-être même mettent la vie en danger, c'est difficile de les mettre de côté. Pourtant, souvent, pour l'anorexie évoquée ici mais aussi, par exemple, dans l'addiction, ils sont plus la fumée que le feu.
Aurélie a un regard très critique sur son hospitalisation ("tout te ramène en permanence à ce que tu maîtrises le mieux (le contrôle de la bouffe et de ton poids) donc ça devient un combat de coq"), pour elle ce sont ses ami·e·s qui ont "contourné l'arbre" ("j'ai rencontré des gens qui faisaient semblant de ne pas voir que j'étais anorexique") qui ont vraiment contribué à ce qu'elle s'en sorte.
Certes, des fois c'est important de se préoccuper des symptômes. Eugene Gendlin, pourtant créateur d'une approche qui met vraiment les émotions au centre, estime que ce changement qu'on pourrait estimer être un changement de surface peut être le premier pas vers des changements plus profonds. Par exemple, si je souffre d'anxiété sociale parce que j'ai une estime de soi faible, c'est possible de m'aider à m'en sortir en boostant mon estime de soi, mais si les symptômes les plus spécifiques de l'anxiété sociale sont atténués (si j'apprends à engager une conversation avec un·e inconnu·e, à me détendre avant de parler en public, ...), mon estime de soi va aussi s'améliorer au fur et à mesure de mes réussites, que j'aie compris ou non la cause profonde de ma souffrance initiale.
Et, si c'est plus approprié pour certaines pathologies que pour d'autres, même dans le cas des troubles du comportement alimentaire, c'est parfois le bon moment pour un travail adapté sur les symptômes. Pour moi, la forêt est importante (c'est même de loin le plus important dans mon approche), mais l'arbre peut l'être aussi. Aurélie conclut "Arrêtez de parler à la malade, parlez à la personne"... pour moi c'est ça le message important. Soyez prêt·e à parler de l'arbre, ou de la forêt, selon les besoins de la personne accompagnée, là où elle en est maintenant. Allez faire un tour avec la personne, marchez à ses côtés, c'est elle qui sait le mieux où c'est le moment de marcher.
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