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Photo du rédacteurGrégoire Taconet

Citation de la semaine 4

Dernière mise à jour : 18 sept.


Carl Rogers de dos, son client de face, au court de l'entretien dont la citation est extraite

"Client : Mon Dieu, je me rends compte à quel point je tourne en rond. On dirait que je tourne en rond. J’ai l’air de euh?

Thérapeute : Non, pas vraiment. C’est plus des spirales, je pense."


Je me souviens avoir eu un déclic énorme, presque une révélation, en lisant cet extrait d'un entretien filmé de Carl Rogers. Alors, certes, la sensation de révélation a probablement été très renforcée par le fait que j'étais sur la traduction de cet entretien depuis un temps certain, et que le fait que, justement, le client semble tourner en rond avait installé, sans que je ne me rende forcément compte, un certain sentiment de lassitude. Mais pas seulement...


 Pas seulement parce que l'image des spirales me revient souvent à l'esprit, la preuve j'en parle aujourd'hui et je crois même l'avoir évoquée à ma soutenance de mémoire. Comme je l'évoquais dans un article sur le besoin de thérapie qui peut paradoxalement se renforcer au fur et à mesure de la thérapie, si pour certains changements même significatifs il peut suffire d'un déclic, d'autres nécessitent un mouvement en profondeur, une remise en question d'une part de nous qui peut être importante dans notre équilibre d'aujourd'hui, une compréhension fine de ce qui bloquait jusque là. L'envie de changer est là, le problème est ostensible mais, tant que le reste du travail, potentiellement invisible, n'a pas été fait... on tourne en rond, ou plutôt on a la sensation de tourner en rond, comme l'exprime le client. Il se passe bien quelque chose, mais ce n'est pas visible, pas encore, alors que le problème à régler l'est bien trop, d'autant que potentiellement on ne fait qu'en parler. Pire, on peut, par moments, avoir la sensation de s'éloigner de la résolution. Et ce qu'exprime si bien l'image des spirales, c'est qu'il y a bien un mouvement, et même un rapprochement, si progressif soit-il, et que si loin que paraisse l'objectif il va finir par être atteint, quand ce sera le moment et que les conditions seront réunies.


Ça peut être, comme exprimé plus haut, sur le temps d'une séance, c'est plus souvent sur une temporalité plus longue. Pour l'observer, on peut essayer de se souvenir d'où on en était par rapport au sujet quelques semaines, ou pour les sujets particulièrement complexes quelques mois avant : souvent le même sujet était vu, vécu différemment, pas évoqué avec les mêmes mots. Certes la sensation d'avancer n'est pas toujours là, mais il y a bien eu du mouvement. Une analogie, très proche, que j'aime bien et que je dois à James Clear, auteur de Un rien peut tout changer (approche pour le moins éloignée de l'ACP), est celle du glaçon. Si un glaçon est conservé à par exemple -20°C, des changements de température importants de 5, 10, 15 degrés n'auront aucun effet. Puis le simple passage de 0 à 1°C fera fondre le glaçon. Mais il faut attendre ce petit basculement pour que les basculements précédents, potentiellement plus gros, prennent leur sens. Et, en thérapie, quelle récompense quand ça arrive enfin!


La vidéo de l'entretien, en anglais : https://www.youtube.com/watch?v=eWDLHz4CLW8


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