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Photo du rédacteurGrégoire Taconet

Citation de la semaine 18


Photo du visage de Nelson Mandela, souriant


"Ce qui se fait pour nous, sans nous, se fait contre nous" Nelson Mandela


Un bel appel à l'autodétermination, et même à l'anti-élitisme, d'un militant que sa réputation et ses accomplissements précèdent. Oui, mais quel est le rapport avec la thérapie?


Il est peut-être plus évident qu'il n'y paraît. La situation classique, c'est qu'un·e client·e va consulter un·e thérapeute avec une demande, qui peut être très spécifique ("je veux perdre 4 kilos/arrêter de fumer/réussir à dire non quand je pense non/...") ou plus floue ("je suis angoissé·e en ce moment/je ne trouve pas de sens à ma vie/oskour/..."). Le·a thérapeute, avec ses merveilleux outils brillamment maîtrisés, va proposer puis appliquer une solution.


Sur le papier, c'est super. Sauf que le·a thérapeute peut décréter du haut de son expertise, en amont de la thérapie ou pendant son déroulement, que l'objectif n'est pas tout à fait approprié, ce qui n'est pas nécessairement un problème en soi sauf quand c'est décrété au lieu de cocréer un nouvel objectif avec le·a client·e (pas merci à l'hypnothérapeute qui a décidé que si on m'enlevait ma phobie au lieu de juste la diminuer ça n'irait pas... je pense que j'étais assez grand pour savoir si j'avais envie de continuer à me traîner cette phobie ou non). Pour les outils utilisés, c'est pareil... si c'est appris en formation, si ça a marché sur d'autres client·e·s, ça peut vite être tentant d'imaginer que c'est la bonne solution, et c'est tout, et si l'autre ne veut pas comprendre il ne faudra pas venir se plaindre si la thérapie ne fonctionne pas.


Normalement, dans l'Approche Centrée sur la Personne, le problème ne se pose pas : la méthode de Carl Rogers vise, précisément, à amener à l'autodétermination, à s'approprier, de fait, cette citation, qu'on la connaisse ou pas. Sauf que, et c'est parfaitement identifié dans la théorie, souvent, dans un premier temps, l'autodétermination, les client·e·s n'en veulent surtout pas! Iels ont un problème, vont voir un·e expert·e censé·e être capable de le régler, et n'ont pas envie à ce stade là qu'on les renvoie à leur avis, iels ont largement eu le temps de le faire, merci. Sauf que si on donne des réponses, non seulement elles seront probablement bancales parce qu'on sort de cette fameuse expertise (à moins d'être polyvalent·e), mais on éloigne les client·e·s de cette prise de conscience qui est la raison d'être de l'approche qu'iels sont les seul·e·s vrai·e·s expert·e·s de leur problème.

Alors, l'Approche Centrée sur la Personne, incarnation ou non de la citation de Mandela dans l'espace thérapeutique? Je dirais que oui... mais en trichant un peu!

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