
Le pardon est un sujet complexe en soi. Et il est souvent rendu encore plus complexe qu'il ne l'est déjà par l'injonction au pardon qui à mon sens, je vais le dire de façon directe, est irresponsable et dangereuse. Il faudrait pardonner parce que c'est ou c'était notre conjoint·e, parce que ce sont nos parents ou une personne de notre famille, voire, tout simplement, parce que pardonner c'est bien, parce que ce serait indispensable pour avancer.
Sauf que pardonner pour pardonner, ça ne fait pas avancer du tout puisque ça ne permet pas de prendre la mesure des violences (physiques, psychologiques, sexuelles, ...) subies, alors que c'est ce travail là qui permet d'avancer. Pire, pardonner parce que ne pas le faire ne serait pas moral, pas acceptable, c'est prolonger les violences, c'est une inversion des responsabilités (la personne qui fait quelque chose de mal devient celle qui ne pardonne pas, plutôt que celle qui n'est pas pardonnée).
Oui, le pardon peut être une étape forte vers la paix intérieure, mais s'il est le résultat d'un travail sur soi et non un substitut à ce travail, s'il est pleinement libre, et s'il est fait, du moins dans un premier temps, au bénéfice de la personne qui pardonne et non à celui de la personne qui a agressé. Et, ce que souligne de façon pertinente le court texte sur l'image, le pardon concerne le passé, et n'implique pas de s'illusionner sur le comportement de la personne pardonnée dans le présent, et encore moins de se mettre en danger.
Traduction : "Vous n'avez aucune obligation de reconstruire une relation avec chaque personne que vous avez pardonnée. Ce n'est pas parce que vous êtes en paix qu'elles ne sont plus toxiques."
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