Comment être une bonne personne traumatisée?
- Grégoire Taconet
- 5 juin
- 1 min de lecture

"Ce qui ne tue pas rend plus fort"... c'est une grille de lecture qui peut être attractive, qui peut être aidante quand on traverse une épreuve et qui en effet est parfois vraie, mais qui à mon sens est surtout pratique quand on n'est pas soi-même concerné·e et qui ne rend pas compte de la réalité du traumatisme : avoir traversé l'insoutenable, le plus souvent, c'est vivre avec des symptômes pesants comme des phases dépressives intenses, des angoisses, des difficultés à faire confiance ou au contraire à ne pas trop faire confiance dans une relation...
L'humour est un mécanisme de défense efficace... et en postant ce meme, je me demande si il n'est pas entre autres destiné aux personnes qui aiment dire que ce qui ne tue pas rend plus fort·e. On a plus facilement envie de passer du temps avec une personne drôle qu'avec une personne qui exprime qu'elle a besoin d'aide. Seulement, ça renforce aussi la règle implicite qu'avoir besoin d'aide, c'est mal (voire qu'être faible, un terme assez flou pour le remplir avec ce qui est pratique, c'est mal).
L'humour est aussi une prise de distance, ce qui est salutaire quand c'est le moment, moins quand c'est imposé. L'espace thérapeutique permet de retirer cette armure, à son rythme. La thérapie ne va pas empêcher d'être drôle (ce serait un comble!), mais permettre de l'être, de plus en plus, par choix.
Et, évidemment, parfois le traumatisme ne rend ni plus fort, ni drôle, et ça ne rend en rien moins légitime à être soutenu·e.
Traduction du texte sur l'image : Ton trauma t'a rendu plus fort·e / Ton trauma t'a rendu plus drôle


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