Citation de la semaine 47
- Grégoire Taconet
- il y a 12 minutes
- 2 min de lecture

"S'il existait des explications simples, ce ne serait pas si difficile de s'en sortir. Le véritable problème est en réalité de comprendre ce qu'on accepte pas et pourquoi." Michela Marzano
Dans cet extrait du récit autobiographique Légère comme un papillon, Michela Marzano évoque ses troubles du comportement alimentaire. Et en effet, si parfois un déclic suffit pour changer, quand les souffrances sont lourdes, répétées, pour s'en libérer vraiment, il faut rechercher les contradictions, les conflits intérieurs. Pourquoi est-ce que je me sacrifie à 200% pour un travail que je n'aime pas vraiment? Pourquoi est-ce que j'enchaîne les relations qui ne me conviennent pas? Pourquoi je finis par rechuter quand j'arrive à me libérer d'une addiction?
Généralement, se faire du mal de façon répétée, ce n'est pas une question de mauvaise compréhension, encore moins de mauvaise volonté, mais de vouloir, sans en être vraiment conscient·e (parce qu'occulter, ça protège cet équilibre qui est aussi une façon de se préserver d'autre chose), deux choses contradictoires en même temps, ce qui est normal. Dans l'exemple de son livre, Michela Marzano veut à la fois se sentir aimée par son père et se libérer de ses exigences impossibles. Malsain? Naïf? Certainement pas. Mais contradictoire. D'où la difficulté, qui une fois encore n'a rien à voir avec un manque d'intelligence ou de volonté, de se confronter au véritable conflit intérieur. Elle ajoute d'ailleurs quelques lignes plus tard "quand on se met à creuser et à chercher en soi, la guerre éclate".
Évidemment, c'est dur. Passer d'un équilibre à un autre, c'est angoissant. D'autant que quand l'équilibre initial nous a amené dans de tels retranchements, c'est que le conflit intérieur était particulièrement menaçant. Mais la récompense est double : se libérer de ce symptôme qui nous a fait tant de mal, pendant si longtemps, qui a peut-être fait du mal à notre entourage, et se libérer de l'injonction contradictoire qui l'a déclenché. Aujourd'hui, Michela Marzano ne souffre plus de troubles du comportement alimentaire, mais mesure aussi à quel point le chemin sur lequel elle s'était engagée, symptômes ou non, était destructeur pour elle ("tant que l'on se conforme aux attentes des autres, on se trahit profondément", "Satanée réussite! Je te hais pour tout ce que tu m'as volé").
Certes, la guerre éclate, de surcroît une guerre qu'on avait encaissé tant de souffrances pour éviter. Mais quand la paix lui succède, elle est profonde, fondamentale, libératrice.
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