"Pour parler, encore faut-il comprendre ce que l'on a subi. Et c'est beaucoup moins fréquent qu'on ne le pense" Florence Porcel
Cette citation du livre puissant et riche Honte rappelle que le traumatisme a plusieurs dimensions, en particulier la violence elle-même, et l'environnement dans lequel elle se produit.
L'environnement fait que souvent, les violences ne disent pas leur nom. Ça peut être parce que le sujet est tabou, quand un comportement est minimisé ou invisibilisé (le "c'est Gérard" opposé aux personnes qui dénonçaient des violences sexuelles de la part de Gérard Depardieu), ça peut être parce qu'elle est légitimée, par exemple quand l'auteur·ice des violences est une figure d'autorité (violences éducatives, policières, ...), ça peut être quand la responsabilité est inversée, comme dans le cas des violences conjugales où la victime est constamment dénigrée... L'environnement donne alors une dimensions collective à la violence, dont le point de départ est un acte d'un individu sur un autre.
Ne pas comprendre, c'est aussi ne pas avoir les éléments pour identifier l'acte. Les enfants qui subissent des violences sexuelles, sans avoir de connaissances sur la sexualité, peuvent encore moins donner de sens à leur souffrance et s'exposent à être plus encore traumatisés. Ne pas avoir les éléments pour comprendre, c'est aussi ressentir la souffrance sans savoir que le comportement violent, verbal ou physique par exemple, n'est pas normal, donc ne pas écouter pour soi-même sa souffrance, sans même parler de la dénoncer ou de se défendre.
Florence Porcel, qui dénonce un viol subi, jeune adulte et sans aucune expérience de la sexualité ou des relations amoureuses, par une célébrité, a été concernée par ces deux aspects. En deux courtes phrases, elle souligne l'importance de l'enjeu à la fois collectif, et de guérison individuelle, de s'emparer, à un rythme qui dépend des ressources de chacun·e, du récit des violences, qui n'est jamais figé mais peut être, trop longtemps, difficilement accessible.
Comments