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Citation de la semaine 45

  • Photo du rédacteur: Grégoire Taconet
    Grégoire Taconet
  • 12 juin
  • 2 min de lecture
Portrait de Frantz Fanon

"Ô mon corps, fais de moi toujours un homme qui s'interroge" Frantz Fanon


Frantz Fanon était psychiatre, mais c'est d'abord une figure majeure de l'antiracisme et du décolonialisme. De fait, son corps l'a contraint à s'interroger puisqu'il l'exposait, arbitrairement, au racisme dans sa violence, son injustice mais aussi sa complexité (qu'il détaille dans Peau noires, masques blancs, dont la citation est extraite).


Il a donc théorisé, finement, une situation qu'il a d'abord vécue, et cette interpellation du corps fait fortement écho à cette dimension expérientielle. En tant que thérapeute en Approche Centrée sur la Personne, ça me parle beaucoup, parce que dans cette approche, en particulier à travers l'écoute des émotions qui peuvent se manifester, disons, vivement, en particulier quand elles révèlent un point aveugle, c'est surtout le corps qui interroge!


Cette exigence de l'interrogation constante, exprimée par le "toujours", a également marqué son regard. Psychiatre en Algérie française, il a par exemple soigné des personnes torturées, et des tortionnaires, été en contact au quotidien avec des colons et des rebelles, et s'il a clairement pris parti (comme c'est souvent le cas, la neutralité n'aurait pas été une vraie neutralité!), cette compétence à écouter avant de répondre lui a permis de mieux analyser la situation.


Échapper aux réponses tentantes et qui ont l'apparence de l'évidence, c'est un challenge constant dans la situation, bien moins extrême mais qui reste importante, de l'espace thérapeutique. Est-ce que je suis convaincu que je suis sur la bonne voie parce que des éléments me permettent de le confirmer, ou parce que j'ai envie de le croire? Des recherches ont montré que les thérapeutes tendaient à surmonter leur efficacité... Est-ce que je ne dévie pas de mon approche par dogmatisme, ou parce que j'ai de bonnes raisons de penser que, y compris dans cette situation spécifique où je suis en difficulté, c'est la meilleure chose à faire? Au contraire, est-ce que je ne bascule pas un peu trop vite dans l'intégratif, par facilité? Est-ce que je ne juge pas un peu trop vite quand mon ou ma client·e me parle d'un·e ancien·ne thérapeute dont l'approche ne me semble pas pertinente, ou est-ce que d'ici quelques séances je vais être moi aussi le·a thérapeut·e qui ne perçoit pas les limites que je me propose, que je ne sois pas assez sensible à la façon dont le·a client·e l'exprime voire que je n'ai pas de solution?


Que ce soit dans un contexte militant, thérapeutique, ou d'ailleurs dans tout autre domaine, on comprend que la formule exigeante de Frantz Fanon soit une prière, et non une affirmation.

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Grégoire Taconet Psychopraticien ACP

 

Membre de la FF2P et de l'AFP-ACP

Directeur de mémoire pour ACP France

Cabinet Via Sana

21 avenue Jean Jaurès

69007 Lyon

gtacp@orange.fr

0768457176

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Crédit photos : Donatien Gnackli ZEBI

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