"Tous les modèles sont faux, mais certains sont utiles" Georges Box Cette citation n'est pas d'un·e thérapeute, mais celle d'un statisticien, dont le nom semble par ailleurs l'avoir prédestiné à devoir sa postérité à cette affirmation.
C'est plutôt contre-intuitif, d'imaginer un spécialiste des mathématiques, la science exacte par excellence, avancer que la précision est, à ce point, inaccessible en soi. Pour autant je me demande si ce n'est pas plus difficile encore de concevoir qu'il est si important de l'appliquer aussi à l'univers de la thérapie.
En effet, aider à aller mieux, voire soigner, implique de s'appuyer sur de nombreux présupposés : ce que signifie aller mieux ou moins bien (la réponse à cette question paraît évidente vue de loin mais il peut vite y avoir des débats plutôt vifs si on rentre dans les détails), quels mécanismes sont pertinents à activer pour permettre ou provoquer le changement, et surtout une grille de lecture du psychisme, dont la complexité va augmenter avec la diversité des situations qu'elle aura pour ambition de recouvrir.
Rien de controversé dans les éléments que je viens de poser, sauf que... Sauf que derrière le choix d'un modèle ou de l'autre, il n'y a pas que des considérations techniques, loin de là. Il y a des valeurs, des conceptions de l'être humain, de ce que doit être un parcours thérapeutique, dont on a plus ou moins conscience, et qui peuvent constituer le début d'une pente glissante vers une critique plus ou moins documentée, plus ou moins virulente, de l'autre. Telle approche est pseudoscientifique ou au contraire scientiste, naïve, limitée dans les problèmes qu'elle peut résoudre, ...
Plus qu'une quête du niveau de pertinence de telle ou telle approche, je vois plutôt une multiplicité de leviers qui permettent d'aider la personne accompagnée, qui seront plus ou moins appropriés selon son tempérament, le moment... Non que toutes les approches se valent par définition, et à mon sens les débats et recherches sur le sujet sont nécessaires, mais seulement dans la mesure où ils portent sur ce que sont effectivement les autres approches, et non selon les préjugés qu'on peut avoir, sinon ça ressemble beaucoup à la fable des aveugles et de l'éléphant. Mais, paradoxalement, je suis convaincu que plus on développe la complexité de sa propre approche pour avoir réponse à tout, plus c'est difficile de voir ses limites, et de voir qu'une autre approche aiderait mieux la personne qu'on accompagne. Mon avis aujourd'hui, c'est qu'en thérapie, tous les modèles relativement sérieux sont vrais... jusqu'à ce qu'ils ne le soient plus. Ou pour le formuler dans l'autre sens, tous les modèles sont faux, certains sont utiles. Et ça inclut, nécessairement, celui qu'on utilise.
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